Début septembre, Pont 9 a rencontré, à la veille du top départ, dans la ruche enfiévrée des locaux flambant neuf de l’Antipode en cours de finition, de déballage des cartons, d’installation du mobilier, quelques-uns de ses acteurs clés réunis par la même passion…
Cette passion ? Réussir, à l’entrelacs de Cleunay et de la Courrouze, un changement d’échelle tout en affirmant les mêmes valeurs fondamentales : ouverture à tous en déclinant dans de multiples registres l’éducation populaire : expressions musicales et physiques, danse, théâtre, arts plastiques, débats citoyens, activités enfance-jeunesse… Les « trois coups » ont sonné le 27 septembre avec la reprise des ateliers….
La nécessité de voir grand et d’inventer le bel aujourd’hui
Depuis février dernier, Stéphanie Thomas-Bonnetin dirige l’Antipode, en s’appuyant sur un conseil d’administration de 21 membres, coprésidé par Catherine Daniélou- Le Brun et Jean-Luc Chalopin. Thierry Ménager, qui a été à la tête de la structure pendant 22 ans, contribue concrètement de son côté, jusqu’en décembre prochain à la transition.
Après l’été, le temps des retrouvailles… Le déménagement vers le nouvel équipement s’est déroulé le 26 août. Déjà une longue histoire depuis la pose de la première pierre en mai 2018 ! Une histoire à laquelle les adhérents, la population du quartier, les acteurs bénévoles, associatifs et éducatifs ont été étroitement associés à toutes les étapes. C’est une grande aventure que d’imaginer un lieu en phase avec les modes de vie et les pratiques sociales et culturelles d’aujourd’hui… La vie bouge, les désirs évoluent, les créations sont de plus en plus métissées, la population augmente : le quartier Cleunay-Arsenal Redon-Courrouze en pleine mutation va atteindre 25 000 habitants, alors qu’il n’accueillait il y a quelques années encore qu’une dizaine de milliers de résidents, ainsi que le souligne Karim Makri, directeur adjoint chargé de l’animation de proximité. L’équipement était à l’étroit… Le moment était venu de voir grand tout en conservant l’âme de ce lieu historique.
L’alliance harmonieuse du béton et du verre : une promesse d’ouverture
Quelque 300 mètres à vol d’oiseau séparent les anciens bâtiments du nouvel Antipode, un imposant bâtiment de béton et de verre, selon la volonté de l’architecte Dominique Coulon qui souhaitait magnifier la matière brute et ouvrir amplement le lieu avec des patios, des puits de lumière et d’immenses vitres lumineuses. Certains ont pu craindre qu’avec ce déménagement à haute valeur symbolique la MJC, créée il y a près de soixante ans, allait laisser de côté les « prolos » de Cleunay pour donner la part belle aux « bobos » de la Courrouze. Il n’en est rien… ! Vous pouvez être rassurés.
L’équipement est novateur mais les valeurs qui l’animent sont identiques. À travers ce nouveau lieu, l’association réaffirme sa volonté d’investir la métropole rennaise dans sa pluralité, de tisser des réseaux, des liens entre l’ancien et le nouveau quartier, d’interroger notre époque, d’encourager la mixité sociale, culturelle et générationnelle en écho fidèle aux valeurs de l’éducation populaire. Stéphanie Thomas-Bonnetin insiste beaucoup sur cette ligne stratégique.
Un lieu unique, ouvert à toutes les pluralités
La volonté du conseil d’administration, ainsi que le soulignent les coprésidents et Stéphanie Thomas-Bonnetin, est de « fédérer les trois entités (scène de musiques actuelles, Maison des jeunes et de la culture, bibliothèque municipale) sous la même bannière intitulée L’Antipode. » Trois pieds qui donnent une forte assise à ce lieu unique, fluide. L’Antipode va multiplier les passerelles entre les ateliers, les spectacles, la médiathèque, renforcer l’ouverture à tous, notamment aux personnes à mobilité réduite, en phase avec la pluralité des pratiques et droits culturels : « C’est pourquoi nous parlons désormais, insiste la directrice, de maison des jeunes et des cultures. »
« Nous plaçons au centre du projet l’accueil et le respect des personnes dans toute leur diversité, en écho à la variété de tout le quartier. C’est l’humain qui prime, ce n’est pas la musique ou une quelconque activité, c’est ce que les personnes veulent faire de l’Antipode. » Et la vigilance est de mise pour accueillir les publics a priori les plus éloignés des pratiques culturelles. Le message central pour l’ouverture de l’Antipode se résume en un mot, véritable fil rouge : « Bienvenue ! » quelles que soient vos envies : applaudir, danser, inventer, lire, écouter, débattre, se réunir….
Jean-François Lemoine
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